Élucubrations
(Quelques pensées en l'air)
Septembre 2021
Il y a, dans les jours sombres, une émotion qui ne ressemble à aucune autre, qui est un mélange du pire, mais qui en est pourtant loin.
Dans ces moments où l’on se dit que tout va mal, on ressasse de vieux souvenirs, ces regrets, ces anciennes blessures, celles qui, en temps normal, ne nous effleurent même pas. On se souvient de vieilles larmes aujourd’hui asséchées. Mais pire encore, la partie qui égratigne le plus : on se rappelle la nostalgie de la jeunesse, ces instants d’insouciance, ces éclats de rire naïfs, ces tristesses sans importance… On se dit que c’est un temps que l’on ne retrouvera jamais. Et parfois, ça nous rassure, parfois, c’est tout l’inverse.
Il y a, dans les jours sombres, une mélancolie aussi chaude qu’assassine, qui mêle les souvenirs du passé, l’angoisse du présent et les incertitudes du futur. Cette lucidité d’adulte qui se heurte à la naïveté de l’enfant et à la résignation prochaine de l’ancien.
Il y a, dans les jours sombres, un tumulte effroyablement assourdissant qu’on chérit autant que l’on rejette.
Août 2021
Il y a, dans les souvenirs, une magie tant subtile qu’assassine. Elle nous irradie de ses vestiges de sourires aujourd’hui disparus, des échos lointains d’éclats de rire devenu torrents de larmes. Elle nous inonde du sucre de ces instants heureux et doux qui ne sont plus. De ces moments qui furent parfois difficiles, mais délicieux la plupart du temps.
Il y a, dans les souvenirs, l’allégresse des rêves partagés, d’idéal à bâtir. Mais ils portent surtout en eux la complainte d’un passé se heurtant parfois trop durement aux efforts du présent et au brouillard du futur.
Parce que c’est bien de cela qu’il s’agit après tout. De souvenirs. Morceaux éclatés d’un « présent » aujourd’hui révolu. Peu importe le contenu, peu importe qu’ils fussent doux ou amers.
Ils ne sont justes plus.